Cette photo, qui est déjà un recadrage important, est plus là pour montrer l'habitat typique de l'Œdicnème criard dans la Basse vallée du Doubs plutôt que l'oiseau lui-même. Voici la description du lieu qui permettra j'espère de comprendre pourquoi quelques couples se reproduisent chaque année dans cette région. C'est un banc de gravier d'environ 400 mètres de long sur 70 mètres de large et formant une île au milieu du lit de la rivière. Les deux bras qui entourent cette île présentent une largeur respectable et un courant important qui rend leur traversée difficile par un éventuel prédateur terrestre. Environ 50% de la surface est couverte d'une végétation basse permettant un bon camouflage. La surface de l'île doit permettre d'y trouver suffisamment de nourriture sans avoir à aller prospecter plus loin. D'autres oiseaux des gravières comme le Petit gravelot et la Sterne pierregarin nichent aussi sur cette île.

Sur le nid? Il est facile comprendre la fragilité de cet habitat et les faibles populations risqueraient de disparaître en cas de dérangement trop important. D'ailleurs l'accès aux gravières, donc à l'île, est strictement interdit d'avril à fin juillet. Je n'irai donc pas plus près pour tenter de faire une belle photo du bel œil de l'Œdicnème et je recommande à tous d'en faire autant. Si un jour vous voyez ce bel œil sur l'une de mes photos c'est que c'est l'Œdicnème qui est venu à moi et non l'inverse (où alors c'est que je me suis mis à la digiscopie …).

J'étais sorti ce soir là pour enregistrer le chant des chouettes qui habitent dans la vieille ferme de mon enfance. J'ai commencé par la Chevêche d'Athéna alors que le soleil n'était pas encore couché puis j'ai poursuivi par un beau concert de l'Effraie des clochers à la nuit noire. J'étais sur le pas de la porte pour aller me coucher, un peu après minuit, lorsque l'Œdicnème criard a commencé ses vocalises. Je sais qu'il niche à moins de 2 km de là, sur le bord du Doubs, mais je ne savais pas qu'il s'aventurait la nuit dans les champs cultivés.